Le cours du Bitcoin est souvent influencé par des événements macroéconomiques majeurs, et la récente décision de la Banque centrale européenne (BCE) ne fait pas exception. Le 6 mars 2025, la BCE a annoncé une nouvelle baisse de ses taux directeurs, marquant ainsi sa sixième réduction en seulement huit mois. Cette décision fait passer le taux de dépôt à 2,5 %, le taux de refinancement à 2,65 % et le taux de prêt marginal à 2,90 %.
Cette politique monétaire, généralement favorable aux marchés financiers, peut-elle aussi bénéficier au Bitcoin et relancer son cours ?
Une baisse des taux bénéfique aux actifs risqués ?
Traditionnellement, une baisse des taux favorise les marchés financiers. Un coût du crédit plus faible permet aux entreprises de se financer plus facilement, stimulant ainsi l’économie et les marchés actions. Parallèlement, des rendements plus faibles sur les placements sécurisés comme les obligations incitent les investisseurs à rechercher des actifs plus risqués, comme les actions et les cryptomonnaies.
Historiquement, cette dynamique a souvent soutenu le cours du Bitcoin. Considéré par certains comme une alternative aux actifs traditionnels, le Bitcoin tend à suivre les tendances des marchés actions, notamment aux États-Unis. En période de liquidité abondante et de taux bas, les investisseurs sont plus enclins à se tourner vers les cryptomonnaies.
Par exemple, le 18 juillet 2024, la BCE a décidé de maintenir ses taux d’intérêt élevés (4,25 % pour les opérations principales de refinancement, 4,50 % pour la facilité de prêt marginal et 3,75 % pour la facilité de dépôt), dans le but de contenir l’inflation. Cette décision a eu un effet contrasté sur le marché crypto : d’un côté, les investissements traditionnels devenant plus attractifs, l’afflux de capitaux vers les actifs risqués comme le Bitcoin a été limité. De l’autre, certains investisseurs cherchant à se protéger des politiques monétaires strictes ont vu le Bitcoin comme une alternative aux placements traditionnels, renforçant son statut de valeur refuge.
Ce type de situation illustre bien le rôle ambivalent des décisions de politique monétaire sur les cryptomonnaies : si des taux bas peuvent favoriser leur adoption, une restriction de liquidité peut aussi inciter certains investisseurs à privilégier le Bitcoin comme un actif de diversification.
Un impact limité en raison de la politique monétaire américaine
Cependant, bien que l’environnement européen soit favorable, cela n’a pas nécessairement un impact direct sur le Bitcoin. Contrairement aux marchés européens, les États-Unis, où le Bitcoin est davantage influencé par les indices comme le SP 500 ou le Nasdaq, n’ont pas adopté la même politique. En janvier 2025, la Réserve fédérale américaine (Fed) a choisi de maintenir ses taux, un choix qui a freiné la progression des marchés actions américains.
Depuis le début de l’année, les principaux indices boursiers américains affichent une légère baisse, ce qui a également ralenti la croissance du Bitcoin. Sans un soutien monétaire plus large, notamment aux États-Unis, une reprise durable du Bitcoin reste incertaine.
La demande européenne en hausse, mais encore insuffisante
En Europe, l’intérêt pour les cryptomonnaies est en augmentation. En 2024, environ 12 % des Français détenaient des actifs numériques, selon une étude de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Toutefois, cette demande reste largement portée par les particuliers.
Si les investisseurs institutionnels, comme les banques et les fonds d’investissement, ont longtemps été prudents face au Bitcoin et aux cryptomonnaies, l’adoption commence progressivement à s’accélérer. Par exemple, BoursoBank, leader du courtage en ligne en France, a récemment lancé des produits financiers adossés à des cryptoactifs via des Exchange Traded Notes (ETN), répondant ainsi à une demande croissante de ses clients. De son côté, The Blockchain Group a renforcé sa position sur le marché en acquérant 580 BTC supplémentaires, portant son total à 620 BTC, avec un rendement spectaculaire de 709,8 % depuis le début de l'année.
Une adoption institutionnelle encore timide
L’un des facteurs clés pour une hausse durable du cours du Bitcoin réside dans l’adoption des cryptomonnaies par les investisseurs institutionnels. Si certaines grandes entreprises et fonds d’investissement ont commencé à intégrer le Bitcoin dans leurs stratégies, son adoption reste encore timide par rapport aux actions ou aux obligations.
L’Europe a récemment introduit des réglementations plus claires sur les cryptomonnaies, comme le règlement MiCA, qui vise à encadrer le marché et à rassurer les investisseurs. Cependant, l’impact de ces nouvelles règles sur l’adoption institutionnelle reste à observer.
Le rôle de la politique américaine et des figures influentes
Pour que le Bitcoin rebondisse, les investisseurs devront également scruter de près l’évolution de l’économie américaine et les annonces politiques qui pourraient favoriser l’adoption des cryptomonnaies. Les déclarations de figures influentes, comme Donald Trump, qui s’est récemment exprimé en faveur du secteur crypto, pourraient jouer un rôle clé.
D’autre part, si la Fed venait à assouplir sa politique monétaire dans les prochains mois, cela pourrait renforcer l’intérêt des investisseurs pour le Bitcoin. Un assouplissement des taux aux États-Unis stimulerait la liquidité sur les marchés financiers, favorisant ainsi une hausse des actifs à risque, dont le Bitcoin.
Quelles perspectives pour le Bitcoin en 2025 ?
À court terme, l’impact de la baisse des taux de la BCE sur le Bitcoin devrait rester limité. Toutefois, plusieurs facteurs pourraient influencer le marché crypto dans les mois à venir :
- Les décisions de la Fed : si la banque centrale américaine baisse ses taux, cela pourrait dynamiser le marché du Bitcoin.
- L’évolution de la réglementation : des régulations plus claires et favorables pourraient encourager l’adoption institutionnelle du Bitcoin.
- L’environnement macroéconomique : une éventuelle récession ou des tensions économiques pourraient inciter les investisseurs à se tourner vers le Bitcoin comme valeur refuge.
La baisse des taux de la BCE pourrait dynamiser les marchés européens, mais son impact direct sur le cours du Bitcoin reste limité. Tant que la Fed maintiendra une politique monétaire restrictive et que les investisseurs institutionnels ne s'engagent pas davantage, la cryptomonnaie devra compter sur d’autres catalyseurs pour retrouver une dynamique haussière. Toutefois, avec un intérêt grandissant pour les actifs numériques et des évolutions politiques en faveur du secteur, un retournement pourrait se profiler.
À noter que le cours du Bitcoin est actuellement de 80 628 euros au 27 mars, au moment d’écrire cet article. Reste à savoir : le Bitcoin saura-t-il tirer parti du contexte économique mondial pour signer son prochain bull run ?