Le Salvador a célébré le quatrième anniversaire de sa loi sur le bitcoin en procédant à l’achat symbolique de 21 BTC, malgré les avertissements des analystes sur une date historiquement défavorable pour la cryptomonnaie et les restrictions imposées par le Fonds monétaire international (FMI).
Points clés à retenir
- Le Salvador a acquis 21 BTC (2,3 millions $) pour marquer son Bitcoin Day.
- L’opération symbolise le lien avec le plafond de 21 millions de bitcoins.
- Les réserves souveraines atteignent désormais environ 6 313 BTC.
- L’accord de prêt du FMI signé en 2024 interdisait pourtant de nouveaux achats publics.
- Le 8 septembre est considéré comme historiquement défavorable au bitcoin (-72 % des cas).
- MicroStrategy, via Michael Saylor, laisse entendre de nouveaux achats de BTC.
Un geste symbolique pour le Bitcoin Day
Le 7 septembre, le président Nayib Bukele a annoncé sur X l’achat de 21 BTC par l’État salvadorien, soit près de 2,3 millions de dollars au cours actuel (environ 111 000 $ par unité). Le chiffre 21 a été choisi en référence au nombre total de bitcoins qui existeront un jour : 21 millions.
Depuis l’adoption de la loi en 2021, le Salvador est la première nation à reconnaître le bitcoin comme monnaie légale. Avec cette nouvelle opération, ses réserves souveraines atteignent environ 6 313 BTC, valorisées près de 702 millions de dollars.
Une relation sous tension avec le FMI
L’initiative n’est pas sans controverse. En décembre 2024, le Salvador a signé un accord de prêt de 1,4 milliard de dollars avec le FMI. Celui-ci imposait de suspendre l’achat de bitcoin avec des fonds publics et d’assouplir l’obligation faite aux commerçants d’accepter cette monnaie.
L’annonce de Bukele suggère toutefois une poursuite discrète de la stratégie d’accumulation. Pour limiter les risques, les avoirs du pays seraient désormais répartis sur plusieurs portefeuilles, chacun plafonné à 500 BTC, afin de se prémunir contre d’éventuelles menaces technologiques, comme l’informatique quantique.
Des signaux contrastés du marché
Si la célébration a marqué les esprits, les analystes rappellent que le 8 septembre est statistiquement défavorable au bitcoin. Selon Timothy Peterson, spécialiste des modèles d’évaluation, cette date se solde par des pertes dans 72 % des cas, avec une baisse moyenne de -1,3 %. Lorsqu’elle est négative, le mois entier finit en recul dans 90 % des cas.
En parallèle, le marché fait face à une tension croissante : plus de 10 milliards de dollars de positions courtes pourraient être liquidés si le bitcoin franchissait les 117 000 $. Cette situation reflète le contraste entre la stratégie haussière de long terme et la volatilité du court terme.
MicroStrategy renforce son rôle de relais institutionnel
L’événement coïncide avec des signaux venus de Wall Street. Michael Saylor, président exécutif de MicroStrategy, a laissé entendre que son entreprise pourrait poursuivre ses acquisitions. Déjà premier détenteur corporatif mondial avec plus de 636 000 BTC, MicroStrategy est perçue comme un proxy du bitcoin pour les investisseurs institutionnels.
Cette stratégie, financée par la dette, divise cependant les analystes : certains y voient un pari visionnaire, d’autres une prise de risque excessive.
Un laboratoire sous surveillance
Quatre ans après avoir légalisé le bitcoin, le Salvador continue d’expérimenter une intégration nationale de la cryptomonnaie. Des programmes éducatifs sont déployés dans les écoles et une conférence internationale, BITCOIN HISTÓRICO, est prévue à San Salvador en novembre.
Mais sur le terrain, l’adoption reste limitée : l’application publique Chivo, censée faciliter les paiements en BTC, est peu utilisée, les habitants privilégiant le dollar.
Le pays demeure ainsi un laboratoire unique : symbole d’indépendance monétaire pour ses partisans, il est vu par ses détracteurs comme un pari risqué. Avec cet achat symbolique, le Salvador envoie toutefois un message clair : son engagement envers le bitcoin demeure intact.