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Où en est Diem ? Retour sur la cryptomonnaie mort-née de Facebook

Annoncé en fanfare en juin 2019, la « crypto Facebook » a connu plusieurs déconvenues depuis. En 2021, le projet a été revu à la baisse avant de finalement être revendu début 2022. Retour sur les différentes étapes, les derniers développements et la mort du projet.

 

Qu’est-ce que le Diem ?

Surnommé le « Facebook coin », la cryptomonnaie Diem, anciennement Libra, est un projet de stablecoin, c’est-à-dire de monnaie virtuelle stable indexée à une monnaie fiduciaire comme le dollar ou l’euro.

Lancé par Facebook en juin 2019, le projet regroupe vingt-huit entreprises et ONG dont le groupe français Iliad, mais aussi les multinationales Uber, Spotify, Shopify et la plateforme Coinbase.
« La mission de Libra est de développer une devise et une infrastructure financière mondiale simple, au service de milliards de personnes » explicite le livre blanc du projet publié le 18 juin 2019.

L’objectif pour Facebook est de pouvoir développer une nouvelle source de revenu en facilitant les paiements et achats en ligne tout en court-circuitant les réseaux bancaires traditionnels.

La multinationale souhaite donner un accès simple à une monnaie stable dans les pays émergents où la majorité des habitants ne possèdent pas de compte bancaire. L’ambition est immense et fait peur aux institutions.

 

Facebook face aux régulateurs

Seulement quatre mois après son annonce, le projet connait un premier coup d’arrêt puisque Visa, Paypal, Mastercard et cinq autres entreprises décident de se retirer.

De plus, l’annonce du projet a provoqué de vives oppositions partout dans le monde. Le président de la commission des marchés financiers Russes, Anatoly Aksakov, a déclaré que la future cryptomonnaie de Facebook ne sera pas légalisée en Russie.

Maxine Waters, présidente de la Commission des services financiers de la Chambre des représentants des États-Unis, a demandé à Facebook d’arrêter le développement de sa cryptomonnaie.
En France, le ministre des Finances, Bruno Lemaire, s’est opposé à sa mise en circulation :

« Que Facebook crée un instrument de transaction, pourquoi pas. En revanche, que ça devienne une monnaie souveraine, il ne peut pas en être question. »

Facebook doit également faire face au sujet de la confidentialité à la suite du scandale de Cambridge Analytica qui a révélé la fuite des données personnelles de 87 millions d’utilisateurs. Pour répondre à cette inquiétude, l’entreprise a promis que les informations financières seront séparées des données personnelles, mais aussi qu’elles ne seront pas utilisées à des fins publicitaires.

Cependant, de nombreux de régulateurs comme Antonello Soro, le garant italien de la protection des données personnelles, s’inquiètent du possible non-respect de la vie privée des utilisateurs de la « monnaie Facebook ».

 

La mutation du projet

Après cette forte opposition, Facebook décide d’adopter une stratégie différente et de se mettre en retrait. Voici les principaux changements et évolutions du projet aux cours des derniers mois :

  • L’Association Libra a changé d’identité et est devenu l’Association Diem.
  • Facebook s’est retiré du jeu médiatique pour que le Diem ne soit plus uniquement associé au réseau social.
  • Une nouvelle équipe de direction a été nommée : l’ancien directeur juridique de HSBC, Stuart A. Levey devient le PDG de Diem et Kiran Raj le nouveau vice-président exécutif.

Manuel Valente Directeur scientifique chez Coinhouse résume :

« Il y a eu un énorme effort marketing. Facebook s’est rendu compte que le Libra était mort-né avec tous les ennuis et la nouvelle mauvaise presse qu’il a eu. »

  • En mai 2021, l’association Diem a quitté Genève et la Suisse, où elle siégeait, pour les États-Unis, afin de s’associer à la banque californienne Silvergate.
  • La banque deviendra ainsi l’émetteur exclusif du stablecoin « diemUSD » et gérera la réserve de la monnaie virtuelle tandis que Diem se chargera exclusivement du système de paiement basé sur la technologie blockchain.
  • L’association Diem a également retiré sa demande auprès de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers en Suisse qui avait pour but d’obtenir une autorisation en tant que système de paiement.
  • Le Diem sera désormais indexé uniquement sur le dollar alors qu’il devait initialement y avoir plusieurs diems adossés à plusieurs monnaies : le dollar, l’euro, le livre sterling et le dollar de Singapour.

Claire Balva, directrice Blockchain & Cryptos chez KPMG France conclut :

« Libra est devenu américano-centré, ce qui diminue son ambition. On est passé d’un projet mondial avec une monnaie indexée sur un panier de monnaies, soit quelque chose d’innovant, à une simple représentation du dollar sur l’application de Facebook. »

 

Pontem : le second projet de Diem

En parallèle du projet Diem, les équipes travaillent sur un réseau alternatif qui servira de réseau de test pour les développeurs.

Lancé en 2020, Pontem est une blockchain publique, c’est-à-dire que n’importe qui peut l’utiliser. Elle a pour objectif de permettre aux développeurs d’applications de tester leurs applications sur Pontem avant de les intégrer à l’écosystème Diem.

Pontem Diem

Techniquement, Pontem est basé sur Substrate, la même base qui a été développée et est utilisée par le réseau Polkadot, et s’est associé avec le fournisseur de nœuds Pinknode.

Grâce à ces différents partenariats, les développeurs pourront tester leurs applications, avant qu’elles ne soient déployées sur le réseau Diem. De plus, ils disposeront d’une infrastructure solide sans avoir besoin de tout le matériel et la maintenance que cela implique.

Voici l’annonce explicative : « À la lumière de nos synergies en tant que projets d’infrastructure sur Polkadot, Pinknode soutient pleinement la mission de Pontem de construire un pont vers la blockchain à autorisation de Diem et d’embarquer potentiellement des milliards d’utilisateurs sur l’écosystème Polkadot. »

 

La mort de DIEM

Le 31 janvier 2022, dans un communiqué de presse, l’association Diem annonçait la fin du projet et sa vente.

Dans le même temps, Stuart Levey, directeur général de l’association Diem a justifié ce choix « il était devenu évident au cours de nos discussions avec les autorités américaines que le projet ne pouvait pas avancer davantage”. Les difficultés avec les régulateurs sont apparus tout au long du projet et aura donc eu raison de la “crypto Facebook”.

L’association Diem, revend ses droits de propriété intellectuelle et d’autres actifs à Silvergate Capital Corporation, une banque partenaire qui travaille sur le projet depuis 2021, pour la somme de 182 millions de dollars. Cette somme devrait permettre à Meta de rembourser les investisseurs qui avaient initialement misé sur le projet Libra.

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