Les mineurs de bitcoin profitent de l’interdiction par la Chine de cette pratique gourmande en énergie et génèrent des bénéfices croissants en comblant le vide laissé par leurs anciens concurrents chinois dans la création de jetons numériques.
En juin, les plus grandes provinces chinoises productrices de bitcoins ont lancé une opération de répression de l’extraction de cryptomonnaies dans le cadre d’une stratégie de réduction des émissions de CO2 et d’une stratégie contre les cryptomonnaies privées, alors que le pays travaille sur sa propre monnaie numérique officielle.
Jusqu’à présent, le géant asiatique était le premier producteur mondial de bitcoins, représentant la moitié de la production mondiale. Les mineurs d’autres pays sont convaincus que le ralentissement de la production chinoise ouvre le marché à d’autres concurrents.
Les mineurs de bitcoins créent de nouvelles pièces en utilisant des ordinateurs puissants pour résoudre des problèmes mathématiques. Le nombre de pièces pouvant être produites chaque jour est fixe, de sorte qu’avec moins de rivaux, il est plus facile et moins cher de créer une nouvelle monnaie.
L’amélioration de l’économie incite des entrepreneurs
À la suite des mesures prises par la Chine, la puissance totale des ordinateurs dédiés à l’extraction de bitcoins a chuté de 50 % dans le monde, mais elle est désormais inférieure de 30 % à celle du mois de mai, selon le site de données Blockchain.com.
La rentabilité des mineurs de bitcoins dépend du prix du marché des bitcoins, du coût et de la quantité d’électricité nécessaire pour faire fonctionner les serveurs, entre autres facteurs. La hausse du bitcoin, qui est passé lundi à 50 000 dollars après avoir atteint son plus bas niveau de l’été à environ 30 000 dollars, pourrait constituer une incitation supplémentaire pour les mineurs.
« C’est comme si nous avions doublé le nombre de nos machines », explique Fiorenzo Manganiello, fondateur de la société de capital-investissement Lian Group, qui possède l’une des plus grandes fermes d’extraction de bitcoins à énergie renouvelable d’Europe.
Hut 8 Mining en a également profité
Au deuxième trimestre, la société a enregistré une augmentation de 241 % de ses revenus miniers par rapport à l’année précédente, soit 31,4 millions de dollars canadiens (24,8 millions de dollars). En outre, le PDG de la société affirme que les mois de juin et juillet ont été excellents en raison de l’absence de l’industrie chinoise. Les bénéfices miniers se sont élevés à 19,3 millions de dollars canadiens au cours de la période, en hausse par rapport aux 697 000 dollars canadiens de la même période l’an dernier.
Sam Doctor, responsable de la stratégie du spécialiste américain des actifs numériques BitOoda, estime qu’il faudra environ 18 mois pour que les capacités reviennent aux niveaux d’avant l’interdiction. Selon lui, le remplacement des ressources perdues prendra du temps, car il implique la modernisation des infrastructures énergétiques et des installations de construction. Les mineurs chinois ont tenté de migrer vers les pays voisins tels que la Mongolie et le Kazakhstan, mais nombre d’entre eux n’ont pas été en mesure de transporter les équipements au-delà des frontières. L’attitude des autorités locales à l’égard de l’extraction de bitcoins suscite également des inquiétudes.
L’extraction de bitcoins a un impact environnemental important, puisqu’elle représente 0,4 % de la consommation mondiale d’énergie et utilise plus d’électricité par an que des pays comme la Finlande ou la Belgique, selon l’indice de consommation d’électricité de Bitcoin, qui mesure la consommation d’électricité. Les mineurs chinois ont un impact particulièrement important sur l’environnement, en raison de leur dépendance à l’égard de l’électricité produite par le charbon.
« En l’état actuel des choses, nous pensons que les cryptomonnaies ont un long chemin à parcourir pour répondre aux critères ESG », expliquent les analystes du gestionnaire d’actifs français Candriam, en référence aux normes d’investissement relatives aux questions environnementales, sociales et de gouvernance.
En dehors de la Chine, l’activité minière se déplace vers des pays où les sources d’énergie renouvelables sont abondantes, comme la Norvège et le Canada. Mais face à l’explosion de la demande, les opérateurs de terrain spécialisés ont du mal à construire des installations assez rapidement.
La capacité minière mettra un an ou plus à se rétablir
Bien que beaucoup de nouveaux équipements miniers soient expédiés aux États-Unis et au Canada plutôt qu’en Chine, la capacité des centres de données constitue un goulot d’étranglement », déclare Kjetil Hove Pettersen, PDG de l’opérateur norvégien de centres de données Kryptovault.
Aux États-Unis, le Texas est l’un des plus grands bénéficiaires de la nouvelle donne en matière d’extraction de bitcoins, tandis que les centres spécialisés de Norvège et d’autres pays européens ne parviennent pas à faire face à la demande excessive.
Le prix et la qualité des ordinateurs nécessaires au minage de cryptomonnaies ont également diminué. Avant la campagne de la Chine, les mineurs devaient payer des prix de plus en plus élevés pour leurs ordinateurs alors qu’ils cherchaient des moyens plus efficaces d’acquérir des bitcoins. En raison de la surabondance de serveurs qui s’accumulent en Chine, le prix des ordinateurs – et donc un obstacle à la rentabilité – a chuté.
