Les pays d’Afrique de l’Est sont en train de prendre le taureau par les cornes en matière de finance numérique. Tandis que le Kenya vient de franchir une étape décisive pour l’encadrement de la cryptomonnaie, l’Ouganda est sur le point de mettre en œuvre une initiative avec sa Monnaie Numérique de Banque Centrale (CBDC).
L’Ouganda lance le projet pilote de son Shilling numérique
La Bank of Uganda (BoU), la banque centrale du pays, est en train d’expérimenter activement sa propre CBDC, une version numérique du shilling ougandais.
Ce projet pilote est basé sur une blockchain autorisée (permissionnée), ce qui signifie que l’accès et les transactions sont gérés et strictement contrôlés par la banque centrale.
Le point crucial : cette CBDC est adossée à des obligations du Trésor ougandais. Ce mécanisme garantirait que la monnaie numérique garde une valeur stable, ancrée sur des actifs financiers gouvernementaux.
Ce lancement s’inscrit dans une tendance plus large : le gouvernement ougandais explore également la possibilité de la tokenisation des actifs d’État, qui pourrait inclure des matières premières ou des titres de propriété, afin de simplifier et de sécuriser leur gestion.
Le Kenya impose un cadre réglementaire strict à la crypto
Pendant ce temps, le voisin kényan avance à grands pas sur le plan législatif. La loi réglementant les actifs numériques (Digital Assets Bill) vient de franchir sa toute dernière étape au Parlement.
Ce qu’il faut en retenir :
- Licences obligatoires : La loi impose désormais que toutes les entreprises liées aux cryptomonnaies (plateformes d’échanges, fournisseurs de portefeuilles, etc.) doivent obtenir des licences pour opérer légalement sur le territoire kényan.
- Contrôle strict : Ces entreprises seront sous la supervision directe de la Capital Markets Authority (CMA), le régulateur des marchés financiers kényans.
- Objectif : L’objectif affiché est double : protéger les consommateurs contre la fraude et le blanchiment d’argent, tout en favorisant un écosystème d’innovation structuré.
Ces deux dynamiques – l’avancement technique en Ouganda et l’encadrement légal au Kenya – témoignent d’une volonté claire de l’Afrique de l’Est de s’inscrire dans la transformation numérique mondiale. Toutefois, il reste à voir comment ces initiatives s’inscriront dans la durée : serviront-elles avant tout d’outils de contrôle gouvernemental ou marqueront-elles une véritable évolution vers une souveraineté technologique capable d’améliorer le quotidien économique des citoyens africains ?