Les Philippines prennent un tournant technologique pour renforcer la transparence de leurs dépenses publiques. Suite à des protestations massives dénonçant des malversations dans des projets d’infrastructures, le gouvernement a annoncé la création d’Integrity Chain, une solution blockchain visant à restaurer la confiance citoyenne.
Un contexte de méfiance et de mobilisation populaire
Des manifestations ayant rassemblé plus de 100 000 personnes ont secoué l’archipel, notamment suite à des révélations sur des contrats gonflés, des constructions de mauvaise qualité, ou même des projets fictifs dans le cadre de programmes de gestion des inondations. Ces scandales ont ravivé les craintes d’un usage abusif des fonds publics et d’un manque de responsabilité.
Dans ce climat de défiance, les autorités ont décidé de miser sur la blockchain pour rendre les processus publics plus vérifiables et moins opaques.
Integrity Chain : une blockchain au service de la transparence
Développé par BayaniChain Ventures, Integrity Chain a pour mission d’enregistrer les contrats et les différentes phases des projets menés par le Département des Travaux Publics et des Autoroutes (DPWH) sur un grand livre numérique inaltérable. Les documents gouvernementaux deviennent ainsi des « actifs numériques publics », validés de manière ouverte et horodatée selon Paul Soliman, PDG de BayaniChain.
Pour ce faire, le système s’appuie sur Polygon (une solution compatible avec Ethereum), qui gère l’encryptage, la validation et le stockage des données. Chaque transaction est horodatée, chaînée et vérifiée par des validateurs indépendants — parmi lesquels des ONG, des universités ou encore des médias — garantissant ainsi l’intégrité et la traçabilité.
Avec un budget public qui peut atteindre 98 milliards de dollars, le gouvernement philippin espère que ce dispositif redéfinira les standards de responsabilité dans chaque département et pour chaque peso dépensé.
Rétablir la confiance par la technologie
L’idée centrale d’Integrity Chain est de substituer les promesses politiques par des mécanismes cryptographiques, des validations externes et la possibilité pour les citoyens eux-mêmes de vérifier les résultats. C’est une approche audacieuse : laisser le public scruter les dépenses en temps réel.
Si tout fonctionne comme prévu, ce système pourrait servir de modèle à d’autres nations confrontées à des défis similaires de corruption et de mauvaise gestion des fonds publics.
