Le rapprochement entre finance traditionnelle et crypto-actifs s’accélère en Corée du Sud. Le géant Mirae Asset Group est entré en négociations exclusives pour le rachat de Korbit pour 100 millions de dollars, quatrième plateforme d’échange du pays. Une acquisition stratégique qui confirmerait l’intérêt des institutionnels pour des infrastructures d’actifs numériques déjà régulées.
Une opération stratégique estimée à 100 millions de dollars
Selon plusieurs médias sud-coréens, les négociations sont actuellement menées par Mirae Asset Consulting, une filiale non financière du groupe. Un protocole d’accord a déjà été signé avec les actionnaires majoritaires de Korbit en vue d’une acquisition potentielle.
La structure actuelle L’actionnariat de Korbit se concentre principalement entre les mains de deux acteurs majeurs. La société est contrôlée majoritairement par NXC, maison-mère du leader du jeu vidéo Nexon, à hauteur de 60,5 %, tandis que SK Planet conserve une participation stratégique d’environ 31,5 %.
Les sources proches du dossier évoquent une valorisation comprise de 100 à 140 milliards de wons (soit de 70 à 100 millions de dollars). Si elle se concrétise, cette transaction représenterait une entrée rare et significative d’un acteur majeur de la bourse traditionnelle dans l’écosystème crypto coréen.
La conformité réglementaire : le véritable atout de Korbit
Fondée en 2013 et pionnière en tant que première bourse à proposer la paire bitcoin/won, Korbit a vu sa part de marché s’éroder face à la concurrence. Aujourd’hui, le secteur est ultra-concentré et dominé par Upbit, qui capte 64,2 % des volumes quotidiens, suivi de Bithumb (24,4 %) et Coinone (10,8 %). Korbit, avec ses 0,5 % de parts de marché, selon les données de Coingecko dans les 48 heures passées.
Au-delà des faibles volumes de transaction, la véritable valeur de Korbit réside dans la solidité de son infrastructure réglementaire. La plateforme dispose en effet d’atouts stratégiques majeurs pour un acquéreur. Elle détient une licence d’exploitation locale pleinement agréée, s’appuie sur des partenariats bancaires établis facilitant les échanges en monnaie fiduciaire et applique d’ores et déjà des protocoles de conformité rigoureux, notamment en matière de lutte contre le blanchiment (AML) et de connaissance client (KYC).
Pour un groupe institutionnel comme Mirae, ces atouts sont cruciaux. Ils offrent un accès immédiat au marché et la possibilité de déployer rapidement des produits financiers complexes (comme des ETF ou du trading au comptant) dans un cadre légal sécurisé.
Une course aux infrastructures crypto en Corée du Sud
L’intérêt de Mirae Asset s’inscrit dans un contexte de consolidation et de concurrence accrue pour les licences d’échange. En novembre dernier, des rapports locaux ont indiqué que la plateforme internationale Bybit avait également exploré le rachat de Korbit.
Cette tendance de fond voit les géants de la technologie et de la finance traditionnelle (TradFi) chercher à sécuriser leur place dans le Web3. À titre d’exemple, que Naver Financial, filiale de Naver, aurait récemment conclu un accord pour acquérir Dunamu, l’opérateur du leader Upbit, via une transaction en actions valorisée à plus de 15 000 milliards de wons, selon le KBS NEWS ENGLISH.
Une issue encore incertaine
Si l’arrivée de la marque et du réseau de distribution de Mirae pourrait revitaliser Korbit et rééquilibrer les forces face au monopole d’Upbit, la prudence reste de mise.
À ce stade, aucune des deux parties n’a confirmé publiquement les modalités financières. Les discussions se poursuivent et l’issue de l’opération dépendra des résultats des audits préalables (due diligence). Une chose est sûre : la frontière entre la finance traditionnelle et la crypto-finance continue de s’estomper en Corée du Sud.
Sources principales : The Chosun Daily, CoinGecko.
